Les Réserves Biologiques Intégrales (RBI) et les Réserves Biologiques Dirigées (RBD)
Les Réserves Biologiques Intégrales (RBI) et les Réserves Biologiques Dirigées (RBD) en Lorraine et en France : des forêts publiques en libre-évolution ?
Par Joris DUVAL-DE COSTER, Avril 2024
Les Réserves Biologiques Intégrales (RBI) et les Réserves Biologiques Dirigées (RBD) sont des espaces forestiers issus des forêts publiques françaises (forêts domaniales, de collectivités ou d’établissements publiques) et bénéficiant d’une gestion différenciée par leur gestionnaire, l’Office National des Forêts (ONF). Les RBI sont conduites en « libre-évolution partielle » (sylviculture interdite, chasse limitée aux seuls ongulés, lutte contre les « Espèces Exotiques Envahissantes » – EEE), tandis que les RBD sont davantage interventionnistes (maintien artificiel d’habitats ouverts, comme des landes, dunes, pelouses sèches ou tourbières ; là-aussi, chasse limitée aux ongulés et lutte contre les EEE). Ce statut de conservation existe en France depuis 1950. Les RBI et RBD sont créées pour une durée illimitée, par arrêté et en accord avec les propriétaires. Ces espaces contribuent officiellement aux objectifs français en matière d’aires protégées pour 2030, visant notamment à placer 10% du territoire sous protection « forte » en faveur de la biodiversité et de la lutte contre les changements climatiques. Les RBI sont notamment considérées comme des observatoires de la dynamique naturelle des écosystèmes sur le long terme (successions écologiques, chaînes trophiques, etc.) et des conservatoires de biodiversité forestière (notamment pour les espèces inféodées au bois morts et dépérissant). Les RB sont par ailleurs considérées parmi les outils de protection les plus stricts en France (avec les Réserves Naturelles et les cœurs de Parcs Nationaux), mais, au niveau national, ces espaces naturels concernent encore seulement à peine 3% des forêts publiques. Dans le détail, l’ONF rapportait en Novembre 2021 être en gestion de 217 RB différentes sur l’ensemble du territoire national : 81 RBI contre 136 RBD (pour un total de 141 271 ha). Les premières représentaient alors une surface de 106 517 ha et les secondes, 34 754 ha. On note néanmoins une forte disparité de surfaces classées entre la métropole et les Outres-Mers : en effet, la majorité des RB sont encore classées dans les DOM (86 899 ha, contre 54 372 ha en métropole).
En Lorraine – territoire boisé s’il en est, avec tout de même 556 000 ha de forêt publique ! – on recense actuellement 31 Réserves Biologiques (cf. carte ci-après), dont environ 1 207 ha en RBI et 4 477 ha en RBD (soit à peine 1% de la forêt publique de l’ex-région). Pour l’anecdote, la plus petite est la RBD de Schnepfenbach (env. 1 ha), tandis que la plus grande est celle du Grossmann (1 567 ha), toutes les deux situées en Moselle – par ailleurs second territoire regroupant la plus grande surface totale de RB en Lorraine (2 144 ha, contre 2 610 ha dans les Vosges, 599 ha en Meurthe-et-Moselle et 329 ha en Meuse).
A titre de comparaison, la RBI la plus vaste du territoire national est pourtant située bien loin d’Europe, en Guyane française, avec 60 000 ha d’un seul tenant (soit 0,75% de la forêt publique guyanaise) … Et si on essayait de faire aussi fort en Lorraine ?
RBI | RBD | Total | |
Métropole | 72 RBI (29 253 ha) | 126 RBD (25 119 ha) | 198 RB (54 372 ha) |
Outre-Mer | 9 RBI (77 264 ha) | 10 RBD (9 635 ha) | 19 RB (86 899 ha) |
Lorraine | 13 RBI (1 207 ha) | 18 RBD (4 477 ha) | 31 RB (5 684 ha) |
Total | 81 RBI (106 517 ha) | 136 RBD (34 754 ha) | 217 RB (141 271 ha) |
Sources :