Les pics en Lorraine par Joris

Par admin1499
Pic Epeiche.
Photo Julien SESIA ©
Trou à pic. Photo Jean-François Petit ©
Photo Jean-Marc Colin ©

Les pics sont des oiseaux forestiers de taille petite à moyenne. En Lorraine, on note la présence de 7 espèces sur les 11 recensées en Europe : Pic noir (Dryocopus martius), Pic vert (Picus viridis), Pic cendré (Picus canus), Pic épeiche (Dendrocopos major), Pic mar (Dendrocopos medius), Pic épeichette (Dendrocopos minor) et Torcol fourmilier (Jynx torquilla).

Toutes ces espèces sont inféodées à des milieux forestiers divers : des futaies denses jusqu’aux vergers, en passant par les forêts claires, les ripisylves et les prés-bois. Excepté le Torcol fourmilier, migrateur strict hivernant en Afrique, les pics sont plutôt sédentaires. La plupart sont spécialisés pour grimper aux arbres et y forer des cavités de nidification, grâce à une anatomie très adaptée : pattes robustes avec doigts opposés deux à deux, ongles acérés, plumes de queue rigides permettant de se tenir verticalement le long des troncs et des branches, et bec droit en forme de pic ou de ciseau à bois.

La majorité de ces espèces se nourrit d’insectes xylophages (décomposeurs du bois), mais beaucoup recherchent aussi des graines de conifères ou des fourmis à même le sol.

Les pics constituent des indicateurs intéressants de la situation écologique des forêts. En effet, si la moitié de ces espèces semble aujourd’hui présente sur une grande partie du territoire, les autres sont particulièrement dépendantes de peuplements forestiers présentant une forte proportion d’arbres âgés, dépérissants ou morts. C’est particulièrement le cas pour le Pic noir, le P. cendré et le P. mar.

Le premier recherche les hautes futaies de pins, de hêtres ou mixtes, présentant notamment des arbres de diamètre important (>40 cm), en plaine comme en montagne.

Le second fréquente préférentiellement les vieilles forêts feuillues avec de nombreux arbres en décomposition, donc riches en insectes, jusqu’à 600 m d’altitude.

Le troisième est dépendant des vieux peuplements de feuillus de chênes, charmes et ormes, majoritairement en plaine.

Ces milieux anciens et diversifiés leur fournissent à la fois une ressource alimentaire suffisante et les supports nécessaires pour aménager leurs gîtes et cavités de reproduction.

Dans un contexte d’intensification de la gestion forestière en France, il semble que seules les forêts conduites en futaies irrégulières ou jardinées, ainsi que les vieilles forêts non-exploitées, permettent l’installation à long terme de ces trois espèces patrimoniales, dont le rôle écologique est par-ailleurs si important pour la biodiversité des écosystèmes forestiers européens.

Joris

Sources :

– L. SVENSSON et al., in Le guide ornitho, éditions Delachaux et Niestlé, Paris, 2015.

– G. COCHET et B. KREMER-COCHET, in L’Europe réensauvagée – Vers un nouveau monde, éditions Actes Sud, Coll. Mondes Sauvages, Arles, 2020.