Inventaires ornithologiques en forêt

Par Jean-Marc Colin

Joris DUVAL-DE COSTER

Photo Julien SESIA

Les écosystèmes forestiers hébergent la majorité des espèces d’oiseaux connues dans le monde (75%, selon la FAO [1], soit près de 7 500 espèces [2]). Les forêts tempérées d’Europe de l’Ouest en accueillent près d’une centaine, comme en France métropolitaine où un tiers environ sont forestières [3]. Pour inventorier les oiseaux en forêt, on peut s’appuyer sur plusieurs techniques simples.

L’une de ces méthodes permet de recenser le plus d’espèces possibles au cours de points d’écoute fixes, appelés « Indices Ponctuels d’Abondance » (IPA), disséminés à intervalle régulier en forêt et reconduits chaque année au même endroit, si possible à la même date et par le même observateur [4]. Ces IPA sont calqués sur le protocole « STOC-EPS » (Suivi Temporel des Oiseaux Communs par Echantillonnages Ponctuels Simples) [4], développé et coordonné par le Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) et la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO). Ces points d’écoute sont placés à une distance minimale de 300 m les uns les autres et sont visités trois fois par an, entre 1 à 4 h après le lever du soleil [4]. Les passages se font du 1er au 31 Mars, puis du 1er Avril au 8 Mai et enfin du 9 Mai au 15 Juin, avec un intervalle de 4 à 6 semaines entre chaque passage [4]. Chaque session d’écoute dure 5 min, au cours de laquelle les observateurs s’attachent à identifier toutes les espèces d’oiseaux entendues ou vues, en notant précisément le nombre d’espèces, le nombre d’individus par espèce et le cas échéant, certains comportements permettant d’obtenir une idée du statut reproducteur de l’espèce (parades, défense de territoire, construction ou visite d’un nid) [4]. Cette technique est utilisée afin d’avoir un aperçu du cortège d’espèces les plus « communes » dans une zone donnée. L’avantage de cette technique est d’être « passive », donc peu dérangeante pour les oiseaux, mais également facilement accessible à qui connaît bien l’avifaune locale.

Pour étoffer cet inventaire et identifier d’autres espèces, plus rares ou plus discrètes (comme les pics ou les rapaces nocturnes), il faut davantage les cibler, par le biais d’autres méthodes qui peuvent s’avérer complémentaires, quoique plus techniques et potentiellement dérangeantes, comme la repasse (diffusion d’enregistrements sonores) [5], ou encore le suivi des cavités arboricoles (trous de pics, troncs creux, décollements d’écorce), ces dernières hébergeant généralement un très riche cortège d’espèces d’oiseaux : des six espèces de pics les plus répandues jusqu’aux mésanges, en passant par la Sitelle torchepot, les grimpereaux, le Gobemouche à collier, l’Etourneau sansonnet, le Pigeon colombin ou encore plusieurs espèces de chouettes (Hulotte, de Tengmalm et Chevêchette d’Europe).

Joris DUVAL-DE COSTER

[1] https://www.geo.fr/environnement/les-chiffres-cles-de-la-situation-des-forets-dans-le-monde-213698

[2] https://www.conservation-nature.fr/animaux/populations-oiseaux-monde/

[3] http://www1.onf.fr/activites_nature/sommaire/decouvrir/animaux/oiseaux_forestiers/20071030-084804-534230/@@index.html

[4] https://www.vigienature.fr/sites/vigienature/files/atoms/files/protocolestoc_eps_complet_0323.pdf

[5] http://observatoire-rapaces.lpo.fr/index.php?m_id=20097