Comptes rendus

ASSEMBLEE GENERALE de LIBRE FORÊT

Samedi 4 mars 2023, 15H

Grands Salons, Domaine du Charmois à Vandoeuvre

  1. Accueil et désignation du bureau

Le président accueille les présents : adhérents, élus et représentants des associations. Il déclare ouverte la première assemblée générale de LIBRE FORÊT et propose que Jean-Marc COLIN en soit le secrétaire et lui-même, Jean-François PETIT, le président de séance.

  • Rapport moral du Président

Rêver seul ne reste qu’un rêve, rêver ensemble devient la réalité.

Première assemblée générale et finalement beaucoup d’eau passée sous le pont malgré la sécheresse ambiante.

Un an entre la première Visio et le dépôt de statuts, puis huit mois d’errance un peu floue, et ensuite le passage dans l’émission de Philippe Bertrand sur FRANCE INTER qui va faire littéralement exploser notre audience vis à vis des médias. Un travail au quotidien pour des retraités qui aspiraient à une retraite bien méritée, mais qui devant l’ampleur de la tâche ne lâchent rien.

Les élus de Vandoeuvre présents aujourd’hui vont certainement se retrouver dans mes propos.

Je vais tenter de vous montrer l’ensemble des problèmes auxquels l’humanité et notre association sont confrontés.

Un constat simple mais émouvant au niveau de notre ressenti, la nature se meure à petit feu. Jean DORST, Directeur du muséum national d’histoire naturelle (1976-1985),  en son temps a écrit un livre « Avant que Nature meure » en 1965.

55ans après, la violence de cette réalité ne peut pas laisser indifférent.

Les indicateurs qui nous arrivent du monde scientifique sont malheureusement orienté vers le rouge.

De façon globale on assiste actuellement à un effondrement de la biodiversité.

 L’UICN et l’IPBES (Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) ont estimé que plus d’une espèce vivante sur huit soit 1 million d’espèces pourraient disparaître de la surface du globe dans les prochaines décennies. Le taux à laquelle les disparitions s’effectuent est 100 à 1000 fois supérieur à celui calculé au cours des temps géologiques.

En tant qu’être humain, nous faisons partie de la biodiversité et nous vivons, mangeons, respirons grâce à nos relations avec d’autres espèces. Sans cette biodiversité nous disparaîtrions rapidement de la surface du globe. C’est un ensemble complexe, difficilement modélisable et encore mal connu que nous devons protéger comme la prunelle de nos yeux.

La COP 15 a conclu ses travaux internationaux à Montréal en décembre 2022 en actant qu’une protection de 30 % de la planète d’ici 2030 était indispensable.

Les forêts en libre évolution apportent énormément de services écosystémiques, elles stockent beaucoup de carbone, elles filtrent les eaux, elles offrent une biodiversité très spécifique mais aussi ordinaire, parfois elles accueillent du public dans des conditions bien encadrées.

Notre association se chargera de faire comprendre l’utilité des arbres morts et qu’une forêt non gérée est un écosystème bien complexe et pas une forêt à l’abandon, comme beaucoup le pense.

Au-delà des aspects purement scientifiques, et nous ne sommes pas ces scientifiques, il y a l’aspect beauté des forêts lorraines, dans leurs diversités, leurs différentes essences d’arbres, d’altitude et d’exposition.  Quand on se promène le long d’une réserve biologique intégrale et que l’on est attentif aux chants des oiseaux, c’est quasiment le jour et la nuit. Et en plus nous avons la magnificence d’une forêt en LE.

La biodiversité dans nos territoires autour du 45iéme parallèle s’exprime le mieux dans nos forêts, par exemple un chêne âgé peut abriter jusqu’à 2500 espèces différentes dans son écosystème, et la forêt abrite 35% de la biodiversité de nos territoires.

La forêt française recense un nombre impressionnant d’espèces aussi bien de faune que de flore : à elle seule, elle représente 72% de la flore métropolitaine. On peut également souligner que plus de 40% des espaces Natura 2000 sont situés en zone forestière.

Le statut des forêts en Lorraine est un peu particulier, car le Grand Est est la seule région où la forêt privée est minoritaire donc très morcelée rendant les acquisitions plus difficiles. En GE la superficie totale des forêts est de 1,9M d’hectares dont 44% en forêt privée.

L’ensemble de ces constats nous ont poussé à créer LIBRE FORÊT en septembre 2021, car pris entre optimisme et pessimisme il a fallu trancher, malgré les oppositions en notre sein.

Ce qui nous a poussé c’est finalement le constat suivant :

IL N’EST PAS TROP TARD POUR BIEN FAIRE

Nous voulons ainsi contribuer à notre manière à protéger la forêt en créant des îlots de biodiversité à travers toute la Lorraine que ce soit par l’acquisition, ou en faisant du plaidoyer auprès des communes forestières, de l’ONF et des propriétaires privés afin de laisser dans chaque forêt des espaces en LE et accroître le nombre d’arbres mort dans les  forêts.

Comme je l’ai déjà évoqué dans les éditoriaux de « la feuilles des arbres » nous sommes vraiment confronté à des manques de moyens de notre association. Ceci est lié à une volonté des fondations qui pourraient nous financer, et qui font plus confiance à des grosses structures ayant une notoriété acquise, qu’a une association ayant un an d’existence.

Au fil du temps court, finalement nous avons réussi à nous faire une image de marque fidèle à nos convictions et ainsi être écouté et entendu par le plus grand nombre.

Je pense tout particulièrement aux institutions politique CD 54 et CR GE, EELV aux institutions forestières (INRAE, ENGREF, CNPF, PEFC) aux associations de défense de l’environnement de Lorraine ( FLORE 54, LNE, OISEAUX NATURE, ASPA, GEML, CEN) et d’ Alsace (Alsace Nature) voir au niveau national la CLE.

Un grand merci tout particulièrement au CEN LORRAINE qui nous a entendu et qui a compris que la voie pour sauvegarder les forêts mal en point était l’acquisition foncière, quand cela était possible bien sûr.

 Nous nous rapprocherons de TERRE DE LIENS afin de voir ce qui est possible de faire ensemble.

Tout n’est pas noir pour autant, j’en veux pour preuve les zones forestières où les propriétaires ne savent pas où sont leurs parcelles et les laissent vivre leurs vies de forêts, ce qui est un bien pour la libre évolution, mais il suffit qu’un exploitant forestier passe par là et hop circulez il n’y a plus rien à voir.

Je ne voudrais pas vous laisser une image trop pessimiste de la voie choisie, car je peux vous assurer que lorsqu’on laisse la nature faire son propre chemin, alors la satisfaction est totale.

La biodiversité s’exprime et nous laisse souvent pantois devant son dynamisme. Des espèces réapparaissent, des équilibres se recréent, des alliances se renouent bref on s’émerveille.

On peut aider un peu Dame Nature en favorisant la reproduction de certaines espèces d’oiseaux en posant des nichoirs appropriés. Attention, on ne va pas forcement faire cela mais c’est un exemple, et ceci afin que le milieu s’enrichisse plus vite que de façon naturelle si besoin.

Venons-en maintenant au concret, nous devrions signer nos deux premières acquisitions courant mars à Seicheprey et Novéant sur Moselle. Pour votre information ces deux dossiers sont chez deux notaires différents et cela prend du temps.

Je ne voudrais pas mettre la charrue avant les bœufs mais je peux vous assurer que le CEN Lorraine va nous aider à mettre en œuvre notre projet. Nous avons trouvé une parcelle de 20ha de forêt du côté de Thiaucourt et le CEN va l’acquérir puis nous la louer avec un bail emphytéotique de 99 ans. Cela va nous faire une belle vitrine pour faire des études sur le long terme sur différents aspects de la libre évolution, résilience de la hêtraie sur plateau calcaire face aux aléas climatiques.

Étude sur la recolonisation par des oiseaux diurnes et nocturnes, chauves-souris, champignons, myxomycètes, lichen, mousses, faune sauvage etc….

Pour conclure ce premier rapport moral j’aimerais que nous nous emparions de ce sujet et en fassions un mouvement qui déborde largement sur la société civile, car pour l’instant nous sommes encore dans un cercle restreint de personnes initiées.

Je compte sur vous pour relayer nos demandes de fonds lorsque cela se produira, car nous avons en vue une forêt de 7ha du côté de la forêt de la Reine.

Je compte sur vous pour parler de nos actions autour de vous.

Je compte sur vous pour que vous soyez les ambassadeurs des arbres morts,

Je vous remercie vivement de votre présence et je remercie aussi vivement les élus de la commune de Vandoeuvre qui nous accueillent aujourd’hui gracieusement et qui font aussi progresser ce concept de libre évolution.

Je remercie Jean-Marc pour son excellent travail de secrétaire / trésorier ainsi que le CA, et bien évidemment tous les adhérents sans qui l’association n’existerait pas.

Au nom de l’équipe associative je vous souhaite une excellente AG et je ne doute pas que vous soyez très intéressés par la conférence d’Annik Schnitzler.

Je voudrais terminer par une citation récente de Mr Françis Hallé dans la TERRE AU CARRE FRANCE INTER

« Je veux bien admettre que notre projet ait un côté utopique, d’ailleurs j’en suis fier, parce que ceux qui n’ont pas d’utopie restent sur place. Mais la véritable utopie, la plus dangereuse utopie, ce serait d’imaginer que les choses vont s’arranger en continuant comme on a fait par le passé. Avec ça on va droit dans le mur »

Bonne soirée à vous.

  • Rapport d’activité du Secrétaire

1 an et 4 mois d’activité. Qu’avons-nous fait ?

Avant l’AG constitutive, le 3 septembre 2021, il a fallu discuter et préciser nos buts. Cette phase un peu laborieuse a découragé un ou deux partants. Le CA créé, il s’est réuni 6 fois pendant cet exercice. Quant au bureau, Jean-François et moi, on s’est réuni… beaucoup.

La création d’une association est plus lourde qu’il n’y parait : rédaction des statuts et de la charte, déclarations administratives, mise en place des outils comptables et de suivi des adhésions (compte HelloAsso), des outils de communication : Adresse mail, Création d’un logo (nous le devons à François), d’un flyer, du Site web (merci Pascal pour l’aide et l’hébergement), d’un compte Facebook et d’un compte Instagram. Dernière démarche administrative pour rassurer tout le monde : demande de rescrit fiscal (faire confirmer à l’administration fiscale que nous sommes d’intérêt général et que les avantages fiscaux ne seront pas remis en cause).

2022 a été une année de forte communication : après un premier article dans L’Est, et sur une suggestion de Chantal (mais pourquoi vous n’essayez pas de contacter Philippe Bertrand) Jean-François passe dans carnets de campagne sur France Inter. Et c’est le début : il y a plein de journalistes qui écoutent France Inter ! On peut dire que cette émission est à l’origine de la suite : reportage de France Bleu Lorraine, de Brut (grosse audience), de France 3, des articles dans Ouest France, dans Le Parisien, des interviews sur Europe 1, Airzen, RCF…

Nous avons également participé à Jardins de Vie, jardins de Ville. A Jarville : un peu décevant.

Puis l’émission « Aux arbres citoyens » a été annoncée et Lorraine Nature Environnement nous a sollicité pour présenter notre projet Jaulny. Un dossier lourd qu’il a fallu boucler en une soirée, délai oblige. Pour rien, puisqu’après l’émission, les projets initiaux étaient effacés et les règles modifiées : il fallait maintenant 3 ans d’existence… ce que nous n’avions pas.

Cette année a vu la création de « La feuille des arbres » (merci à Joris pour ses articles savants et à Pascal pour la mise en page)

Nous avons rencontré (surtout le Président !) des acteurs politiques et des représentants des collectivités locales (des maires, un sous-préfet, des élus de la région et du département)

Et je n’oublie pas l’activité la plus importante : le tri des bouchons ! Il faut savoir que 1 tonne de liège se vend environ 350€… Il n’y a pas de petit gain. Mais cette « activité » sera maintenant sous-traitée.

Libre Forêt a adhéré à des associations partenaires : la CLE (Coordination Libre Evolution) et FLORE 54. Et j’espère que ce sera bientôt le cas de l’Association de Sauvegarde et de Protection de la Forêt de Haye, dont je connais bien le Président.

Cette année de recrutement a permis d’atteindre 146 adhérents. Surtout dans la région, mais aussi un peu partout en France. La moyenne des dons est de l’ordre de 60€/adhésion.

Parallèlement, nous avons recherché des acquisitions potentielles et visité les parcelles en donation (en fait, nous ne pouvons pas avoir de donations ou de legs, n’étant pas d’utilité publique mais nos généreux donateurs ont accepté de nous reverser sous forme de don en numéraire le montant de notre achat : il ne restera donc que les frais de notaire à notre charge). Enfin, le projet de Jaulny : c’est une belle forêt de plus de 20ha, peu anthropisée et assez riche en diversité, le président en a parlé. Au départ, nous avons pensé pouvoir réunir les 120000€ nécessaires. Le propriétaire était d’accord pour nous laisser un an pour réunir les fonds. Nous ne sommes pas au bout de l’année mais nous n’aurons pas les fonds. Par contre, comme le disait Jean-François, la qualité de nos études et notre persévérance à mettre en avant ce projet a convaincu le Conservatoire des Espaces Naturels qui devrait être en mesure de financer l’achat. Et nous devrions la gérer prochainement dans le cadre d’un bail emphytéotique. On croise les doigts.

Donc nous avons recherché des fonds avec ténacité : dossiers auprès de fondations, contacts avec des personnalités impliquées dans la défense de la biodiversité, avec les instances départementales et régionales… pour l’instant, notre constat est que les fondations financent surtout les gros et les projets « exotiques », et que les autres… ne répondent souvent même pas. On va vieillir, grandir et s’accrocher pour devenir une évidence.

En résumé, une année bien remplie. Il faut se dire que ce n’est que le début : on a beaucoup semé, ça commence à germer et ensuite on récoltera. Mais il faut déjà que la relève se montre : jeune et féminine pour l’équilibre du CA.

Je change de casquette !

  • Présentation du bilan par le Trésorier

Compte de résultat

Nos ressources proviennent principalement des dons de nos adhérents : 8000€ et d’une subvention de la ville de Toul : 500€.

Nous comptabilisons les frais de déplacements liés à l’activité mais les membres du CA concernés en font don à l’association. Vous trouvez donc cette somme à la fois en ressource et en charge pour 700€.

Nos seules dépenses réelles ont été quelques timbres, enveloppes, édition de flyers et un roll-up que vous avez devant vous.

Quand on vous dit que les dons iront dans les forêts !

A partir de 2023, on comptabilisera aussi le temps passé aux travaux de l’association : c’est important de les faire figurer au bilan : notre crédibilité s’en trouvera renforcée.

Bilan

Au 31/12, pas encore d’immobilisations puisque les actes des parcelles ne sont pas encore signés. Nos fonds sont donc encore en trésorerie : 8000 sur le compte et 70€ de chèque à remettre, 135€ en espèces, 90€ chez HelloAsso.

La contrepartie est en excédent de l’exercice donc prêts à l’emploi.

Je vous propose d’affecter ce résultat au compte de réserve : voté à l’unanimité des présents.

Merci pour votre patiente attention.

  • Approbation des comptes

Le Président met au vote l’approbation des comptes et propose de donner quitus au trésorier et au président pour leur gestion. Aucune abstention ou vote contre.

  • Élections au Conseil d’Administration

Pour ce premier renouvellement, et après tirage au sort, 2 postes à pourvoir. Jean-Marc Colin et François Parant sont sortants. JM Colin sollicite le renouvellement de son mandat. Il est réélu à l’unanimité des présents.

Pascal RAYMOND, qui a déjà eu l’occasion de participer aux travaux du CA est candidat. Il se présente. Son élection se fait à l’unanimité.

  • Questions diverses

Elles ont été traitées après la conférence, s’agissant principalement d’échanges sur la libre évolution, les ORE, les règles qui régissent les ventes de parcelles.

  • Clôture de l’Assemblée Générale

Le président clôture l’assemblée générale et présente Annik SCHNITZLER et sa conférence sur le thème : “La résilience des forêts en libre évolution face aux changements climatiques. Un exemple dans les Vosges au cours du Petit Age glaciaire”.